Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/233

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ISMÈNÈ.

Je ne sais. Que le sanglant Aidès m’enlève avec mon père ! La vie qui me reste n’est pas la vie.

LE CHŒUR.

Ô les plus excellentes des filles, puisqu’un Dieu vous accorde quelque chose d’heureux, ne vous livrez point à une douleur trop grande. Vous ne devez pas accuser votre destinée.

ANTIGONÈ.
Antistrophe I.

Il arrive donc qu’on regrette ses maux ! Ce qui n’est doux à personne m’était doux quand je le soutenais de mes mains. Ô Père, ô cher Père ! Ô toi qui es enveloppé des éternelles ténèbres de la terre, tu ne cesseras jamais d’être aimé de moi et de celle-ci !

LE CHŒUR.

Il a eu…

ANTIGONÈ.

Ce qu’il a voulu.

LE CHŒUR.

Qu’est-ce ?

ANTIGONÈ.

Il est mort sur la terre étrangère, ce qu’il désirait ; il a sous la terre un lit couvert d’une ombre éternelle, et il n’est point mort non pleuré, car mes yeux, ô Père, ne