Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/251

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KRÉÔN.

De ne point permettre qu’on désobéisse.

LE CHŒUR.

Nul n’est assez insensé pour désirer mourir.

KRÉÔN.

Certes, telle est la récompense promise ; mais l’espoir d’un gain a souvent perdu les hommes.

LE GARDIEN.

Roi, je ne dirai pas sans doute que je suis venu, haletant, d’un pas rapide et pressé. Je me suis attardé en proie à beaucoup de soucis, et retournant souvent en arrière sur mon chemin. En effet, je me suis dit bien des fois : — Malheureux ! pourquoi courir à ton propre châtiment ? Mais t’arrêteras-tu, malheureux ? Si Kréôn apprend ceci de quelque autre, comment échapperas-tu à ta perte ? — Roulant ces choses dans mon esprit, j’ai marché lentement de sorte que la route est devenue longue, bien qu’elle soit courte. Enfin j’ai résolu de venir à toi, et quoique je ne rapporte rien de certain, je parlerai cependant. En effet, je viens dans l’espoir de ne souffrir que ce que la destinée a décidé.

KRÉÔN.

Qu’est-ce ? Pourquoi es-tu inquiet dans ton esprit ?

LE GARDIEN.

Je veux avant tout te révéler ce qui me concerne. Je