Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/264

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KRÉÔN.

Mais le bon et le mauvais n’ont pas le même traitement.

ANTIGONÈ.

Qui peut savoir si cela est ainsi dans le Hadès ?

KRÉÔN.

Jamais un ennemi, même mort, ne devient un ami.

ANTIGONÈ.

Je suis née non pour une haine mutuelle, mais pour un mutuel amour.

KRÉÔN.

Si ta nature est d’aimer, va chez les morts et aime-les. Tant que je vivrai, une femme ne commandera pas.

LE CHŒUR.

Voici, devant les portes, Ismènè qui verse des larmes à cause de sa sœur. Le nuage qui tombe de ses sourcils altère son visage qui rougit, et sillonne de larmes ses belles joues.

KRÉÔN.

Holà ! toi, qui es entrée secrètement dans ma demeure, comme une vipère, pour boire tout mon sang, car je ne savais pas que je nourrissais deux calamités, deux pestes de mon thrône, viens ! Parle enfin : avoueras-tu que tu as aidé à cet ensevelissement, ou jureras-tu que tu l’ignorais ?