Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/35

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LIKHAS.

Ô chère maîtresse, puisque je te vois, mortelle parmi les mortels, sage et pleine d’indulgence, je te dirai toute la vérité et ne te cacherai rien. Tout est comme celui-ci l’a dit. Un violent désir de cette vierge s’est emparé de Hèraklès, et c’est elle qui a causé la destruction par la lance de la malheureuse Oikhalia, sa patrie. Mais il est juste de dire, en faveur de Hèraklès, qu’il ne m’a point ordonné le silence et qu’il n’a point nié son amour. Moi seul, ô maîtresse, de peur d’affliger ton âme par une telle nouvelle, j’ai failli, si toutefois tu en juges ainsi. Et maintenant, puisque tu sais tout, il convient, pour ton époux et pour toi-même, que tu supportes cette femme et que tu ne retires point les paroles que tu lui as dites. Hèraklès, en effet, vainqueur dans tous ses autres combats, a été vaincu par cet amour.

DÈIANEIRA.

Certes, ma pensée est d’agir ainsi. Je n’augmenterai point mon malheur en résistant vainement aux Dieux. Mais rentrons dans la demeure, afin que tu portes un message et des présents en retour de ceux qui m’ont été envoyés. Il n’est pas convenable que tu partes sans rien, étant venu avec ce nombreux cortége.

LE CHŒUR.
Strophe.

Kypris manifeste toujours sa force invincible. Je ne dirai point les défaites des Dieux, ni comment elle trompa le Kronide et le sombre Aidès et Poseidaôn qui ébranle