Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/381

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ATHÈNA.

La nuit, et furtivement, il est sorti seul contre vous.

ODYSSEUS.

A-t-il approché de très-près ? A-t-il atteint le terme du chemin ?

ATHÈNA.

Il touchait déjà aux tentes des deux chefs.

ODYSSEUS.

Et comment a-t-il arrêté sa main avide de meurtre ?

ATHÈNA.

Je lui ai refusé cette joie irrémédiable, ayant jeté des images mensongères dans ses yeux. Et je l’ai détourné vers le bétail du butin, vers les troupeaux mêlés, non encore partagés, et que les bouviers gardaient confusément. Et il s’est rué, massacrant les bœufs porteurs de cornes, frappant çà et là, pensant tuer de sa main les Atréides, et se jetant tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre. Et moi j’excitais l’homme en proie à la démence furieuse et je le poussais dans des embûches. Enfin, se reposant de sa tâche, il a lié les bœufs survivants et les autres troupeaux, et il les a tous emmenés dans ses tentes, certain de posséder des hommes et non des bêtes cornues ; et maintenant il les tourmente, liés dans sa tente. Mais je rendrai son mal manifeste, afin que tu le voies et que tu le racontes à tous les Argiens. Reste ici avec confiance et ne crains rien de cet homme. Je tournerai ses yeux d’un autre côté de peur qu’il n’aperçoive ton visage.