Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/390

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LE CHŒUR.
Antistrophe.

Voici le moment où chacun, se cachant la tête, doit prendre la fuite en secret, ou, s’asseyant au banc des rameurs, éloigner à la force des avirons la nef qui court sur la mer ; car les deux chefs Atréides éclatent en menaces contre nous. Je crains de subir une mort misérable sous les pierres et d’être soumis au même supplice que celui-ci que presse l’inévitable force de la destinée.

TEKMÈSSA.

Elle ne le presse plus. Sa fureur est tombée comme a coutume de tomber le souffle violent du Notos que n’accompagne point le brillant éclair. Mais, ayant recouvré l’esprit, il est maintenant tourmenté d’une douleur nouvelle ; car, contempler ses propres maux, quand personne ne les a causés que soi-même, accroît amèrement les douleurs.

LE CHŒUR.

Mais, s’il est apaisé, je pense que cela est très-heureux pour lui. En effet, le souci d’un mal passé est moindre.

TEKMÈSSA.

Que choisirais-tu, s’il t’était donné de choisir : ou, en affligeant tes amis, être joyeux toi-même, ou souffrir des mêmes maux ?

LE CHŒUR.

Il est plus amer, ô femme, de souffrir des deux côtés.