Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/391

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TEKMÈSSA.

Bien que nous soyons délivrés de ce mal, nous sommes cependant en proie au malheur.

LE CHŒUR.

Comment as-tu dit ? Je ne comprends pas tes paroles.

TEKMÈSSA.

Aussi longtemps qu’Aias a été en démence, il se réjouissait du mal qui le possédait, et le chagrin nous affligeait, nous qui étions sains d’esprit. Et maintenant que le mal le laisse respirer, il est en proie tout entier à un amer chagrin, et nous ne sommes en rien moins tourmentés qu’auparavant. Au lieu d’une douleur n’en avons-nous pas deux ?

LE CHŒUR.

À la vérité, je pense comme toi, et je crains que cette plaie n’ait été infligée à cet homme par un Dieu. Comment, en effet, puisque, délivré de son mal, il n’est pas plus joyeux que lorsqu’il était malade ?

TEKMÈSSA.

Les choses sont ainsi, sache-le bien.

LE CHŒUR.

Quels ont été les commencements de ce mal qui l’a envahi ? Dis-le-nous, à nous qui en gémissons avec toi.