Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/444

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aussi, et jure-leur qu’Orestès a subi la destinée par une mort violente, étant tombé d’un char rapide, dans les Jeux Pythiques. Que tes paroles soient telles ! Pour nous, après avoir fait des libations à mon père, comme il est ordonné, et déposé sur son tombeau nos chevelures coupées, nous reviendrons ici, portant aux mains l’urne d’airain que j’ai cachée dans les buissons, comme tu le sais, je pense. Ainsi nous les tromperons par de fausses paroles, en leur portant cette heureuse nouvelle que mon corps n’est plus, qu’il est brûlé et réduit en cendre. Pourquoi, en effet, me serait-il pénible d’être mort en paroles, puisque je vis et que j’acquerrai de la gloire ? Je pense qu’il n’est aucune parole de mauvais augure, si elle sert. Déjà j’ai vu très souvent des sages qu’on disait morts, revenir dans leur demeure et n’en être que plus honorés ; d’où je suis assuré que moi aussi, vivant, j’apparaîtrai comme un astre à mes ennemis. Ô terre de la patrie, et vous, Dieux du pays, recevez-moi heureusement ; et toi aussi, ô maison paternelle, car je viens, poussé par les Dieux, afin de te purifier par l’expiation du crime. Ne me renvoyez pas déshonoré de cette terre, mais faites que j’affermisse ma maison et que je possède les richesses de mes aïeux. En voilà assez. À toi, vieillard, d’entrer et de faire ton office. Nous, sortons. L’occasion presse en effet, et c’est elle qui préside à toutes les entreprises des hommes.

ÉLEKTRA.

Hélas sur moi !

LE PAIDAGÔGUE.

Il me semble, ô fils, que j’ai entendu une des servantes soupirer dans la demeure.