Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/446

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

inexorables des Dieux, venez, secourez-moi, vengez le meurtre de notre père et envoyez-moi mon frère ; car, seule, je n’ai point la force de supporter le fardeau du deuil qui m’oppresse.

LE CHŒUR.
Strophe I.

Ô enfant, enfant d’une très indigne mère, Élektra, pourquoi répands-tu toujours les lamentations du regret insatiable d’Agamemnôn, de celui qui, enveloppé autrefois par les liens de ta mère pleine de ruses, a été frappé d’une main impie ? Qu’il périsse celui qui a fait cela, s’il est permis de le souhaiter !

ÉLEKTRA.

Filles de bonne race, vous venez consoler mes peines. Je le sais et je le comprends, et rien de ceci ne m’échappe ; cependant, je ne cesserai point de pleurer mon malheureux père ; mais, par cette amitié même, offerte tout entière, je vous adjure, hélas ! de me laisser à ma douleur.

LE CHŒUR.
Antistrophe I.

Et cependant, ni par tes lamentations, ni par tes prières, tu ne rappelleras ton père du Marais d’Aidès commun à tous ; mais, dans ton affliction insensée et sans bornes, ce sera ta perte de toujours gémir, puisqu’il n’y a point de terme à ton mal. Pourquoi désires-tu tant de douleurs ?