Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/460

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pense, en effet, je pense qu’il a résolu quelque dessein en envoyant à celle-ci ce songe effrayant. Mais, ô sœur, fais ce que je te commande, ce qui servira ta vengeance et la mienne, ainsi qu’au plus cher des mortels, à notre père qui est maintenant sous terre.

LE CHŒUR.

Elle a parlé pieusement. Si tu es sage, ô chère, tu lui obéiras.

KHRYSOTHÉMIS.

Je le ferai comme elle l’ordonne ; car, pour une chose juste, il ne faut point se quereller, mais se hâter de la faire. Pendant que je vais agir, je vous prie, par les Dieux, ô amies, gardez le silence ; car si ma mère apprenait ceci, je crois que ce ne serait pas sans un grand danger que je l’aurais osé.

LE CHŒUR.
Strophe.

À moins que je ne sois une divinatrice sans intelligence et privée de la droite raison, la Justice annoncée viendra, ayant aux mains la force légitime, et elle châtiera dans peu de temps, ô enfant. La nouvelle de ce songe m’a été douce, et ma confiance en est affermie ; car ni ton père, roi des Hellanes, n’est oublieux, ni cette antique hache d’airain à deux tranchants qui l’a tué très ignominieusement.

Antistrophe.

Elle viendra, l’Érinnys aux pieds d’airain, aux pieds et aux mains sans nombre, qui se cache en d’horribles