Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/94

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demeures, toi qui me tues ouvertement, toi, le voleur avéré de ma puissance ! Allons, parle ! Je t’en adjure par les Dieux ! As-tu vu en moi de la lâcheté ou de la démence, pour avoir entrepris cela ? As-tu espéré que je ne découvrirais pas ton dessein ourdi avec ruse, ou que, l’ayant découvert, je ne me vengerais pas ? Tes efforts ne sont-ils pas insensés de vouloir saisir, sans le secours du peuple et sans amis, la puissance royale qu’on ne peut obtenir que par les richesses et par la faveur du peuple ?

KRÉÔN.

Comment faire ? Le sais-tu ? Il faut que je réponde à tes paroles. Quand tu sauras, tu jugeras.

OIDIPOUS.

Tu es un habile parleur, mais je suis un mauvais écouteur, car je te sais injurieux et malveillant pour moi.

KRÉÔN.

Sur ceci, écoute d’abord ce que j’ai à te dire.

OIDIPOUS.

Va ! ne me dis pas que tu n’es point mauvais.

KRÉÔN.

Si tu penses qu’une obstination insensée est bonne, tu te trompes.

OIDIPOUS.

Et toi, si tu penses que tu outrageras un parent sans en être châtié, tu te trompes aussi.