Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/286

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généreusement un collier de diamants qu’elle tient de sa mère et qui lui appartient en propre, afin qu’il puisse dédommager la dépositaire :

TCHAROUDATTA.

Suis-je descendu au point d’être forcé, quand mes biens ont disparu, d’accepter ceux d’une femme ? Il est donc vrai que la fortune change notre nature? L’homme pauvre n’a plus d’énergie ; la femme riche a foule la force d’un homme. Que dis-je ? Je ne suis pas pauvre. Une épouse dont l’affection survit à mon opulence, un ami qui partage mes chagrins et ma joie, une vertu que l’indigence n’a point abattue, voilà des trésors qui sont toujours à moi! Mêtréya, courez chez Vasantasénà ; dites-lui que ces bijoux, engagés par moi inconsidérément, ont été perdus au jeu et qu’à leur place jo la supplie de recevoir ces diamants.

MÊTRÉYA.

Je n’en ferai rien. Quoi ! pour une chose que des voleurs ont emportée, que nous n’avons ni mangée ni bue, sur laquelle nous n’avons pas touché un sou, nous irions nous priver de ces pierres rares, précieuse quintessence des quatre Océans !

TCHAROUDATTA.

Ce n’était qu’un dépôt ; on a compté sur ma probité et ma vigilance : cette confiance inestimable ne peut être payée trop cher : acquittez-vous de ma commission.

Ce qu’il ya de plus bizarre, c’est que Sarvillaka n’avait volé qu’avec les meilleures intentions du monde, pour racheter de l’esclavage et épouser Madanikâ, une des nombreuses suivantes de Yasantasénà. Au quatrième acte, il apporte les joyaux à cette fille et lui raconte comment et pourquoi il a forcé la maison de Tchàroudatta. Au trouble que ce nom excite naturellement en elle, il se méprend, croit à l’existence d’un rival et exhale sa jalousie dans une tirade qui, bien qu’émaillée des fleurs de la rhétorique indienne, n’en est pas moins assez expressive :

C’est mon amour pour vous qui seul m’avait poussé à un tel acte.