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l’apprenti.

se tournant vers François, je veux bien vous admettre chez moi ; mais n’oubliez pas que je vous reçois par considération pour votre jeune frère, dont je vous engage à prendre exemple.

Ce jour-là comme la veille, c’était donc encore sur la recommandation d’un enfant moins âgé que lui qu’on voulait bien l’accueillir. Mais dans le cœur de François, aucun sentiment de fierté ne se trouvait froissé par ce renversement de rôles ; et quand il se trouva seul dans l’escalier avec Frédéric, il lui dit d’un ton dégagé :

— Diable ! il paraît que tu es un personnage ici ! tu n’as qu’à demander pour obtenir. Dorénavant je saurai à qui m’adresser.

— Je fais mon devoir et l’on m’en sait gré, répondit Frédéric ; voilà tout le secret de mon influence.


§ 4.


Plusieurs mois se passèrent sans apporter aucun changement à la situation des deux frères. L’aîné, comme nous venons de le dire, avait été admis dans la fabrique de M. Kartmann, et, quoiqu’il montrât peu de zèle, il n’avait point encore mérité de sérieuse réprimande. Quant à Frédéric, les qualités qui l’avaient fait remarquer de son chef prenaient chaque jour plus de développement. Son intelligence, accrue par l’instruction qu’il avait acquise à force de persévérance, le plaçait au-dessus de tous les apprentis de son âge,