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LE COFFRE ET LE REVENANT

— Ah ! mon Dieu, pensa Sancha, on va lui faire prêter serment de dire la vérité, et il est si dévot, que jamais il ne voudra mentir. »

Par hasard, don Blas, qui ne se trouvait pas sur son tribunal, oublia de faire prêter serment au témoin. Enfin Zanga, éclairé par l’extrême danger, par les regards de Sancha, et par l’excès même de sa peur, se détermina à parler. Soit prudence ou trouble réel, son récit fut très embrouillé. Il disait qu’appelé par Sancha pour se charger de nouveau du coffre qu’il avait rapporté peu auparavant du palais de monseigneur le directeur de la police, il l’avait trouvé beaucoup plus lourd. N’en pouvant plus de fatigue en passant près du mur du cimetière, il l’a appuyé sur le parapet. Une voix plaintive s’est fait entendre à son oreille : il s’est enfui.

Don Blas l’accablait de questions, mais paraissait lui même accablé de fatigue. À une heure avancée de la nuit, il suspendit l’interrogatoire pour le reprendre le lendemain matin. Zanga ne s’était point encore coupé. Sancha pria Inès de lui permettre d’occuper le cabinet près de sa chambre, où autrefois elle passait la nuit. Probablement don Blas n’entendit pas le peu de mots qui furent dits à ce sujet. Inès,