Page:Stendhal - Vie de Henri Brulard, t1, 1913, éd. Debraye.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




CHAPITRE V*


PETITS SOUVENIRS DE MA PREMIÈRE ENFANCE




A l’époque où nous* occupions le premier étage sur la place Grenette, avant 1790 ou plus exactement jusqu’au milieu de 1789, mon oncle, jeune avocat, avait un joli petit appartement au second, au coin de la place Grenette et de la Grande-rue*. Il riait avec moi, et me permettait de le voir dépouiller ses beaux habits et prendre sa robe de chambre, le soir, à neuf heures, avant souper. C’était un moment délicieux pour moi, et je redescendais tout joyeux au premier étage en portant devant lui le flambeau d’argent. Mon aristocrate famille se serait crue déshonorée si le flambeau n’avait pas été d’argent. Il est vrai qu’il ne portait pas la noble bougie, l’usage était alors de se servir de chandelle.