Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/25

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aussi puissants[1]. Un jeune homme de 26 ans se trouve avoir effacé en une année les Alexandre, les César, les Annibal, les Frédéric. Et, comme pour consoler l’humanité de ces succès sanglants, il joint aux lauriers de Mars l’olivier de la civilisation. La Lombardie était avilie et énervée par des siècles de catholicisme et de despotisme[2]. Elle n’était qu’un champ de bataille où les Allemands venaient le disputer aux Français. Le général Bonaparte rend la vie à cette plus belle partie de l’empire romain et semble en un clin d’œil lui rendre aussi son antique vertu. Il en fait l’alliée la plus fidèle de la France. Il la forme en république, et, par les institutions que ses jeunes mains essaient de lui donner, accomplit en même temps, ce qui était le plus utile à la France et ce qui était le plus utile au bonheur du monde[3].

Il agit dans toutes les occasions en ami chaud et sincère de la paix. Il mérita cette louange qui ne lui a jamais été donnée d’être le premier homme marquant de la République française qui mît des limites à son agrandissement et cherchât franchement à redonner la tranquillité au

  1. Voir Tite Live, liv. IX, p. 242 (Trad. de Bureau de la Malle, t. IV, éd. de Michaud, 1810).
  2. Voir le comment de ceci dans le tome XVI de M. de Sismondi, p. 414.
  3. Un peu plat cette fin.