Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/64

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dont Lucien venait d’être nommé président, se réunit dans l’Orangerie.

Bonaparte entra dans la salle des Anciens et parla au milieu des interruptions et des cris des députés attachés à la Constitution, ou, pour mieux dire, qui ne voulaient pas laisser réussir un mouvement dont ils n’étaient pas. Pendant ces moments décisifs, une scène plus orageuse encore se passait au Conseil des Cinq-Cents. Plusieurs membres demandèrent qu’on s’occupât de l’examen des motifs qui avaient déterminé la translation des Conseils à Saint-Cloud. Lucien fit de vains efforts pour calmer les esprits que cette proposition avait enflammés, et, lorsque les Français en sont à ce point, l’intérêt se tait, ou plutôt il n’en est plus d’autre que d’être héros par vanité. Le cri général était : « Point de dictateur ! à bas le dictateur ! »

À ce moment, le général Bonaparte entre dans la salle, escorté par quatre grenadiers. Une foule de députés s’écrie : « Qu’est-ce que cela signifie ? Point de sabre ici ! Point d’hommes armés ! » D’autres, jugeant mieux la circonstance, se précipitent au milieu de la salle, entourent le général, le prennent au collet, et le secouent vivement en criant : « Hors la loi ! à bas le dictateur ! » Comme le