Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/145

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Quelques-uns des hommes riaient, mais pas tous ; il y en avait qui entraient dans des colères sombres ou tonnantes, sans doute à la pensée de leur enfance ou de leurs propres enfants, et ils lui commandaient de mettre un terme à ces absurdités, et de songer à ce qu’il faisait.

Quant à moi, j’avais honte de le regarder, et le pauvre enfant tient encore une place dans mes rêves.

Vous saurez que, pendant toute cette période, le Covenant ne cessa de naviguer contre le vent et de tanguer par l’effet des vagues qui venaient à sa rencontre, de sorte que l’écoutille était presque continuellement fermée et le gaillard d’avant éclairé seulement par une lanterne suspendue à une des poutres.

Il y avait assez de besogne pour occuper sans cesse tout l’équipage.

Il fallait serrer et déployer les voiles une fois par heure. Ce surmenage produisait ses effets sur plusieurs des hommes.

D’une cabine à l’autre, il s’échangeait bien dans tout ce jour des grognements précurseurs de querelles, et comme on ne me permettait jamais de mettre les pieds sur le pont, vous pouvez vous imaginer combien j’en arrivai à être las de mon existence et avec quelle impatience je désirais un changement.

Et ce changement ne devait pas tarder, comme vous allez l’apprendre.

Mais il faut d’abord que je vous rapporte un entretien que j’eus avec M. Riach, entretien qui me donna un peu de courage pour supporter mes ennuis.

Le trouvant bien à point, grâce à la boisson, car jamais il ne faisait attention à moi quand il était sobre, je lui demandai de me promettre le secret, et je lui contai mon histoire.