Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/164

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C’étaient des chiens, des voleurs. Ils m’avaient enlevé de mon propre pays ; ils avaient tué le pauvre Rançon. Me faudrait-il tenir la chandelle pendant qu’ils commettraient un autre meurtre ?

Mais, d’autre part, j’avais la perspective de la mort devant moi, car que pouvaient faire un jeune garçon et un homme, fussent-ils braves comme des lions, contre tout l’équipage d’un navire ?

Je pesais encore le pour et le contre, et je n’étais pas arrivé à une solution bien nette quand j’entrai dans la dunette et vis le Jacobite soupant sous la lampe.

Cette vue fixa à l’instant ma décision.

Je n’ai pas à m’en faire honneur. Je ne pris point ce parti volontairement. Je fus en quelque sorte entraîné.

Je me dirigeai vers la table, et je mis la main sur l’épaule de l’homme.

— Voulez-vous vous faire tuer ? dis-je.

Il se leva d’un bond, et son regard m’interrogea aussi clairement que s’il avait parlé.

— Oh ! m’écriai-je, il n’y a ici que des assassins. Le vaisseau en est plein. Ils ont déjà massacré un enfant ; maintenant c’est votre tour.

— Ah ! Ah ! fit-il. Mais ils ne me tiennent pas encore.

Puis me regardant avec curiosité, il me demanda :

— Voulez-vous vous mettre de mon côté ?

— Oui, je le veux, dis-je. Moi je ne suis ni un voleur, ni un assassin. Je serai de votre côté.

— Bien alors, dit-il, comment vous appelez-vous ?

— David Balfour, répondis-je.

Et alors, me disant qu’un homme aussi bien mis devait préférer les gens distingués, j’ajoutai pour la première fois :