Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/196

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Mais ce que je voudrais savoir, David, c’est le temps que cela durera. Pas longtemps, croirez-vous, quand des hommes comme Ardshiel sont en exil, tandis que le Renard Rouge boit le vin et opprime les faibles chez eux.

Mais c’est une affaire hasardeuse que de juger ce que des gens supporteront et ce qu’ils ne supporteront pas.

Quand Colin le Rouge parcourt à cheval tout mon pauvre pays d’Appin, pourquoi ne se trouverait-il pas un brave garçon qui lui enverrait une balle dans le corps ?

En disant ces mots, Alan tomba dans une rêverie et resta assez longtemps fort triste et silencieux.

Pour faire connaître entièrement mon ami, j’ajouterai ici qu’il était fort bon musicien en tous genres, mais surtout bon joueur de fifre, qu’il était un poète fort estimé dans sa langue, qu’il avait lu beaucoup de livres anglais et français, qu’il était un tireur infaillible, bon pêcheur à la ligne, qu’il était un excellent escrimeur, tant à l’épée légère qu’à son arme particulière.

Quant à ses défauts, il les portait sur sa figure, et dès maintenant je les connaissais tous.

Mais le pire de tous, sa disposition puérile à se fâcher, à se faire des querelles, ce défaut-là, il l’avait maîtrisé en grande partie à mon égard, grâce à ma conduite lors de la bataille dans la dunette.

Mais cela tenait-il à ce que je m’étais bravement comporté, ou à ce que j’avais été témoin des exploits bien plus grands qu’il avait accomplis, c’est plus que je ne saurais dire, car bien qu’il appréciât beaucoup le courage d’autrui, il admirait surtout celui d’Alan Breck.