Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/22

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farceur, tenant d’un esprit qui aurait déjà jeté son regard furtif derrière les scènes de la parade terrestre et en eût plus que deviné le caractère illusoire[1]. »


Il ne connaissait, cependant, du monde, qu’Édimbourg et de la vie que ce que lui avaient enseigné les compagnies qu’il avait fréquentées. Mais il lui vint des amitiés qui lui furent précieuses et utiles. C’était son cousin Bob (Robert Alan Mowbray Stevenson, 25 mars 1847-28 avril 1900), peintre et critique, qui revenait à Édimbourg après un long séjour sur le continent[2] ; Charles Baxter, le conseiller parfait, l’homme qui formulait le mieux à Stevenson sa propre pensée ; James Waller Ferrier, l’ami sans prix, le sage, le bon. Tous le poussèrent à écrire et l’Edimburg university magazine, créé par eux, fut le premier asile ouvert à sa prose. Il travaillait alors dans l’étude de Skene et Peacock pour s’initier à la procédure et aux affaires. Cette besogne représentait beaucoup de grimoires. Stevenson y déployait peu de zèle. Une page de son journal indique mieux que tout autre document ce qu’était sa vie alors :


9 mai. — Je vais à l’étude pour la première fois. — Je rencontre un vieux marin et un petit idiot qui veulent se joindre à moi, si bien qu’il est trop tard pour aller à l’étude. Un beau soleil, une matinée de fraîche brise. Promenade. Un garçonnet de 10 ans appelle son chien. C’est tout à fait joli. Il a dans la voix un petit trémolo délicieux que lui donne un lointain à la fois grotesque et touchant. Tout le

  1. Baildon, p. 62.
  2. Auteur de livres appréciés sur Rubens et Velasquez.