Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/220

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tandis que les autres avaient des braies de matelots.

— Ah ! fis-je, n’avait-il pas un chapeau à plumes ?

Il me répondit que non, qu’il avait la tête nue comme moi-même.

D’abord je pensai qu’Alan avait dû perdre son chapeau. Puis je songeai à la pluie, et je trouvai plus probable que pour le conserver en bon état il l’avait caché sous son grand manteau.

Cela me fit sourire, soit parce que j’apprenais ainsi que mon ami était sain et sauf, soit parce que cela me rappelait la vanité qu’il mettait à sa toilette.

Alors le vieux gentleman se donna une tape sur le front et s’écria que je devais être le jeune garçon au bouton d’argent.

— Eh bien ! oui, fis-je avec étonnement.

— Eh bien, alors, dit le vieux gentleman, je suis chargé de vous avertir qu’il vous faut rejoindre votre ami dans son pays, par Torosay.

Il me demanda alors comment je m’étais tiré d’affaire, et je lui contai mon aventure.

Certainement un homme du Sud en eût ri, mais ce vieux gentleman, que j’appelle ainsi à cause de ses manières, car ses vêtements ne tenaient guère sur son dos, m’écouta jusqu’au bout sans témoigner autre chose que du sérieux et de la pitié.

Quand j’eus fini, il me prit par la main, me fit entrer dans sa hutte (car sa maison n’était pas autre chose), me présenta à sa femme, comme si elle avait été la reine et moi un duc.

La bonne femme me servit du pain d’avoine et un grouse froid, tout en me passant la main sur l’épaule et en me souriant, car elle ne parlait pas l’anglais.

Quant au vieux gentleman, pour ne pas rester en