Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/228

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— Ha ! fit-il, ce n’est rien, cela. Me croiriez-vous maintenant si je vous disais qu’avant la promulgation de l’acte, et quand il y avait des armes dans le pays, je pouvais tirer un coup de feu ? Oui, je le pouvais.

Et il ajouta, avec un rire sarcastique :

— Si vous aviez sur vous quelque chose comme un pistolet, vous pourriez essayer. Je vous montrerais comment on s’y prend.

Je lui dis que je n’avais rien de cette sorte, et je me tins à bonne distance de lui.

Il ne savait pas qu’à ce moment son pistolet sortait à moitié de sa poche et que je voyais un reflet de soleil scintiller sur l’acier de la poignée.

Mais heureusement pour moi, il ne s’en douta point, il croyait que toute l’arme était cachée, et sa cécité le trompa.

Il se mit à m’adresser des questions insidieuses, voulut savoir d’où je venais, si j’étais riche, si je pouvais lui donner la monnaie d’une pièce de cinq shellings, qu’il prétendit avoir alors dans sa bourse et pendant tout ce temps il me serra de près, tandis que je cherchais à l’éviter.

Nous étions alors sur une sorte de piste verte, tracée par les bestiaux qui franchissaient les collines dans la direction de Torosay, et nous changions continuellement de côté comme des danseurs dans un branle.

J’avais si évidemment le dessus que je me sentais fort en train, et je m’amusais vraiment à ce jeu de cache-cache, mais le catéchiste s’en fâcha, au point de se mettre tout à fait en colère, et finit par jurer en gaélique et me donner des coups de son bâton dans les jambes.

Alors je ne manquai pas de lui dire que j’avais un pistolet dans ma poche, tout comme lui, et que s’il ne retournait pas en arrière, de l’autre côté de la col-