Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/253

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— Savez-vous qui l’a fait ? ajoutai-je ensuite. Connaissez-vous l’homme à l’habit noir ?

— Je n’ai pas d’idée bien nette au sujet de son habit, dit malicieusement Alan, mais je crois plutôt qu’il était bleu.

— Bleu ou noir, le connaissez-vous ? demandai-je.

— En conscience, je ne pourrais pas en jurer, dit Alan. Il a passé bien près de moi, mais, chose étrange, j’étais justement occupé à rattacher mes chaussures.

— Pouvez-vous jurer que vous ne le connaissez pas, Alan ? m’écriai-je, irrité et en même temps prêt à rire de ses réponses évasives.

— Non, pas davantage, dit-il. D’ailleurs j’ai la mémoire trop bonne pour oublier.

— En tout cas, il est une chose que j’ai vue parfaitement, dis-je, c’est que vous vous êtes exposé, et que vous m’avez exposé aussi, pour attirer les soldats.

— Cela est très vraisemblable, fit Alan, et tout gentleman en eût fait autant. Vous et moi, nous sommes innocents de ce qui s’est passé.

— C’est une bonne raison de plus, si nous sommes soupçonnés à tort, de nous disculper entièrement, m’écriai-je. L’innocent doit assurément passer avant le coupable.

— Comment ! David, dit-il, mais l’innocent a toujours une chance d’être acquitté devant un tribunal. Quant au gaillard qui a tiré à balle, je crois que la lande est l’endroit le plus sûr pour lui. Ceux qui n’ont jamais mis seulement le bout du doigt dans la plus petite difficulté, doivent être bien prudents quand il s’agit de ceux qui s’y sont mis. Cela, c’est du vrai christianisme. Car si les choses étaient tout autrement, et que le gaillard, celui que je n’ai pu voir, se trouvât