Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/29

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Au prix de ces joies qu’était l’ennui de préparer derechef l’examen préparatoire du barreau qu’il passerait à Londres, si le jury s’y montrait clément à ses fantaisies ! Il partit même pour l’Angleterre, mais à Londres, tout projet dut être abandonné. Un médecin, chez qui ses amis l’emmenèrent, diagnostiqua le surmenage avec menace de phtisie et ordonna un séjour dans la Riviera et la suppression de toute cause de souci ou de fatigue. Mme  Stevenson, avisée, accourut auprès de son fils et, le 5 novembre, au lieu d’affronter ses juges, le jeune étudiant partait pour Menton. Convaincu qu’il allait mourir, qu’il n’aurait pas la joie d’accomplir sa tâche ici-bas, il se confina dans son coin, lisant du George Sand en buvant le soleil, se refusant tout plaisir à son sens inutile. Puis, quand le mieux survint, il reprit courage et se remit à lutter et à travailler.


« J’ai remarqué justement, la nuit dernière, écrivait-il à sa mère, un fait curieux qui prouve combien j’ai changé depuis que je suis un peu mieux. Maintenant je consume deux bougies chaque nuit : pendant longtemps je n’en ai allumé qu’une et quand mes yeux étaient trop fatigués pour lire plus longtemps, j’éteignais même cette bougie-là et je restais dans l’obscurité. La perspective de la guérison a changé tout cela. »


Il n’était pas à Menton depuis un mois que son ami Colvin l’y rejoignit. Cette arrivée fut pour lui le meilleur des réconfortants. Il n’était plus seul, il avait un ami qu’il pouvait à son gré fréquenter ou fuir suivant le souffle de sa fantaisie