Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/294

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man et moi, nous allons nous remettre en route.

Mais le fermier, après avoir fouillé dans un sac de peau velue, suspendu devant lui, à la façon des Hautes-Terres, bien que tout le reste de son costume fût celui des Basses-Terres avec des culottes de marin, le fermier donc se mit à rouler les yeux d’étrange façon, et bafouilla quelques mots qui devaient signifier : « Je crois bien que je l’ai perdu. »

— Hein ! s’écria Alan, vous auriez perdu mon bouton, qui était à mon père avant de m’appartenir ? Mais je vais vous dire ce que je pense, John Breck, je pense que c’est la plus laide besogne que vous ayez jamais faite depuis que vous êtes au monde.

Alan, en parlant ainsi, avait mis ses mains sur ses genoux. Il fixait le fermier, en souriant. Il avait dans les yeux cette lueur mobile de si mauvais augure pour ses ennemis.

Le fermier n’était peut-être pas un malhonnête homme. Peut-être aussi avait-il espéré nous tromper, se trouvant seul avec nous dans ce désert.

Il prit le parti de l’honnêteté comme étant le plus sûr. Du moins, il parut aussitôt avoir retrouvé le bouton, qu’il tendait à Alan.

— Bon, dit celui-ci, c’est très bien pour l’honneur des Maccolls.

Puis il me dit :

— Voici votre bouton que je vous rends, et je vous remercie de vous en être privé. C’était une preuve d’amitié qui s’ajoutait à tant d’autres.

Puis il fit ses adieux au fermier dans les termes les plus chaleureux.

— Car, dit-il, vous avez très bien agi à mon égard, vous avez mis votre cou en danger, et je vous donnerai toujours le nom de brave homme.