Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/298

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Il nous fallait, en conséquence, nous tenir dans les parties basses de la lande, et quand elles ne se trouvaient pas sur notre chemin, nous avancer sur la partie nue avec d’extrêmes précautions.

Parfois, pendant une demi-heure de suite, nous devions ramper d’un fourré de bruyère à l’autre, comme font les chasseurs pour s’avancer à bonne portée d’un daim.

De plus, c’était un beau jour, avec un soleil ardent. L’eau emportée dans la bouteille à eau-de vie ne tarda pas à manquer.

En somme, si j’avais pu soupçonner quel travail ce devait être que de ramper à plat ventre la moitié du temps et de passer l’autre à marcher en se courbant presque jusqu’aux genoux, j’aurais certainement reculé devant une entreprise mortellement fatigante.

Nous passâmes toute la matinée à nous avancer péniblement et à nous reposer, pour avancer encore, et vers midi nous nous allongeâmes pour dormir dans un épais massif de bruyère.

Alan monta la première garde, et il me sembla que je venais à peine de fermer l’œil quand il me réveilla pour le remplacer.

Nous n’avions pas de montre pour nous régler. Alan planta dans le sol une tige de bruyère pour nous en tenir lieu, et aussitôt que l’ombre de cette tige arriverait à une certaine limite, je saurais qu’il fallait le réveiller.

Mais à ce moment-là j’étais si fatigué, que j’aurais dormi douze heures sans interruption.

J’avais la sensation du sommeil encore toute fraîche. Mes articulations dormaient même quand mon esprit veillait. L’odeur chaude de la bruyère et le bourdonne-