Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/311

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barbier, venait le raser et lui donnait des nouvelles du pays, dont il se montrait curieux à l’excès.

Il faisait des questions à n’en plus finir ; il les posait avec un sérieux enfantin.

À quelques-unes des réponses, il se livrait à des éclats de rire immodérés, et se reprenait à rire de la même façon plusieurs heures après le départ du barbier.

Sans aucun doute, ses questions avaient un but, car malgré sa séquestration, malgré la confiscation de tous ses pouvoirs d’après le dernier Acte du Parlement, qui l’avait atteint comme les autres gentilshommes écossais possesseurs de domaines, il continuait à exercer dans son clan une justice patriarcale.

On venait dans son trou soumettre des disputes à son arbitrage, et les hommes de son territoire, qui eussent fait claquer leurs doigts si on leur avait parlé de la cour de session, renonçaient à leur vengeance et consentaient à payer sur la seule décision de cet outlaw dont les biens étaient confisqués et la tête mise à prix.

Quand il était en colère, ce qui n’était pas rare, il donnait ses ordres et faisait des menaces, tout comme s’il eût été un roi. Ses valets, tout tremblants, se courbaient et se retiraient comme des enfants devant un père qui a la tape facile.

Quand il entrait, il serrait cérémonieusement la main à chacun d’eux. Tout le monde, lui comme eux, portait en même temps la main au bonnet, d’une façon militaire.

Du reste j’avais la chance d’observer tous les détails intérieurs d’un clan highlander, et cela en compagnie d’un chef proscrit et fugitif, dont le territoire était occupé par le vainqueur, alors que la cavalerie battait le pays en tous sens pour le prendre et se trouvait parfois à moins d’un mille de l’endroit où il se trouvait, alors