Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/317

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— Je ne sais pas le gaélique, lui répondis-je.

Or, depuis l’affaire des cartes, tout ce que je disais, tout ce que je faisais avait le don de déplaire à Cluny.

— Votre nom a plus de bon sens que vous, dit-il avec humeur, car il est en bon gaélique ; mais voici de quoi il s’agit. Mon espion m’apprend que tout est tranquille dans le Sud, et je vous demandais si vous étiez assez fort pour marcher.

Je vis des cartes, mais point d’or sur la table ; il n’y avait qu’un tas de petits papiers écrits, et tous du côté de Cluny.

En outre, Alan faisait une singulière figure.

On eût dit qu’il n’était pas très content ; et je commençai à entrevoir un fort guignon.

— Je ne sais pas si je suis aussi fort qu’il le faudrait, dis-je, en regardant Alan ; mais le peu d’argent que nous avons doit nous mener bien loin.

Alan se mordit la lèvre inférieure et baissa les yeux.

— David, dit-il enfin, je l’ai perdu, voilà la vérité toute nue.

— Mon argent aussi ? demandai-je.

— Votre argent aussi, répondit-il en grommelant. Vous n’auriez pas dû me le donner : je suis fou quand j’ai les cartes en main.

— Ta ! ta ! ta ! dit Cluny, tout cela c’était pour rire, cela ne signifie rien. Naturellement vous reprendrez votre argent, et le double encore, si vous voulez bien me le permettre. Ce serait une étrange chose pour moi, si je le gardais. Vous n’allez pas supposer que je me mettrai en travers de gentilshommes dans votre situation. Ce serait là une chose bien étrange, s’écria-t-il en tirant l’or de sa poche, la figure très rouge.

Alan ne répondit rien, il avait toujours les yeux baissés.