Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/324

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dévorer un affront ; je ne vous ai fait aucun reproche ; je n’ai fait aucune allusion à la chose, tant que vous ne l’avez pas fait vous-même.

Et maintenant vous me blâmez, m’écriai-je, parce que je ne puis pas arriver à rire et à chanter comme si j’étais content d’avoir reçu un affront ?

Il ne me reste donc plus qu’à me mettre à genoux pour vous en remercier.

Vous devriez faire plus de cas des autres, Alan Breck.

Si vous songiez davantage aux autres, peut-être vous parleriez moins de vous-même, et quand un ami, qui a pour vous une grande affection, a passé sur un tort sans mot dire, vous devriez être heureux que la chose dorme tranquillement, au lieu de vous en faire un bâton que vous lui cassez sur le dos.

D’après la façon dont vous prenez l’affaire, c’était bien vous qui aviez tort, par conséquent, ce n’était pas à vous à chercher querelle.

— C’est bien, dit Alan, n’en dites pas davantage.

Nous retombâmes alors dans notre premier silence.

Nous arrivâmes au terme du voyage ce jour-là. On soupa et on s’étendit pour dormir, toujours sans mot dire.

Le valet nous fit traverser le Loch Rannoch le lendemain avant l’aube et nous donna son avis sur le chemin à suivre.

Selon lui, il fallait gagner tout d’abord les sommets des montagnes, ensuite faire un détour, contourner le fond des Vaux de Lyon, de Lochay et de Dochart, descendre dans les Basses-Terres par Kippen et le cours supérieur du Forth.

Alan ne se souciait guère de traverser un pays habité par ses ennemis, les Campbells de Glenorchy.