Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/343

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semble et successivement dans de justes proportions.

Les deux adversaires étaient toujours sur le point de reprendre leur querelle ; mais ils s’assirent chacun d’un côté du feu de tourbe, avec un étalage d’interminables politesses.

Mac Laren les invita à goûter de son gigot et du nectar préparé par sa femme, en les informant que sa femme était originaire d’Athole et qu’elle avait une réputation universelle pour la confection de cette liqueur.

Mais Robin ne voulut point accepter ces offres, alléguant que cela nuirait à la puissance de son souffle.

— Je désirerais vous faire remarquer, monsieur, dit Alan, que je n’ai pas mangé une bouchée de pain depuis près de dix heures, et que cela nuira plus à mon souffle que ne le ferait n’importe quel nectar d’Écosse.

— Je ne veux m’assurer aucun avantage, monsieur Stewart, dit Robin. Mangez et buvez, je ferai comme vous.

Chacun d’eux se servit une petite tranche de gigot et but un verre de nectar à la santé de mistress Maclaren.

Enfin, après un nombre infini de politesses, Robin prit la cornemuse et joua quelques mesures d’une façon très énergique.

— Oui, vous savez souffler, fit Alan.

Il prit l’instrument des mains de son adversaire, et joua d’abord le même air et de manière identique, puis y ajouta des variations de plus en plus compliquées, et finit par toute une série de notes fantaisistes comme les aiment les joueurs de cornemuse, qui les appellent « gazouillis ».

J’avais pris goût au jeu de Robin, mais celui d’Alan me ravit.