Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/351

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quai-je. Or, nous n’avons ni l’un ni l’autre, et on eût aussi bien fait de ne pas les inventer

— Vous croyez, demanda Alan.

— Oui, je le crois, dis-je.

— David, reprit-il, vous êtes un homme dépourvu d’invention et même de foi. Je vais mettre tout ce que j’ai d’esprit à la chose, et si je ne puis ni demander, ni emprunter, ni même voler un bateau, eh bien, j’en ferai un.

— Il me semble que je vous vois ? dis-je. Mais il y a autre chose : si vous passez un pont, il ne racontera pas d’histoires, mais si nous traversons le golfe, il y aura un bateau du côté où il n’en faut pas. Quelqu’un l’aura amené là : tout le pays sera sens dessus dessous.

— Mon garçon, s’écria Alan, si je fabrique un bateau, je fabriquerai quelqu’un pour le ramener de l’autre côté. Ainsi donc ne m’étourdissez pas de vos sottises, mais marchez, c’est tout ce que vous avez à faire, et laissez Alan penser pour vous.

Nous passâmes toute la nuit à descendre la rive gauche du district de Stirling, au pied de la haute chaîne des monts d’Ochill, et par Alloo, Clackmannan et Culross, les localités que nous évitâmes.

Vers dix heures du matin, très affamés, très las, nous atteignîmes le hameau de Limekilns.

C’est un endroit très rapproché de la rive, et de là, par Hope on aperçoit Queensferry.

De ces deux endroits s’élevait de la fumée.

On moissonnait les champs.

Deux vaisseaux étaient à l’ancre et des bateaux allaient et venaient sur le Hope.

C’était d’ailleurs un spectacle charmant pour moi et je ne pouvais me rassasier de contempler ces pentes