Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/356

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faire comprendre néanmoins, fit Alan, et je vais vous siffler un petit air.

En disant ces mots, il s’allongea bel et bien par-dessus la table, et en sifflant très légèrement, presque d’un simple souffle, mais sur un ton très sentimental ; il joua quelques mesures de la chanson :

Charlie est celui que j’aime

— Chut ! fit-elle, en regardant vers la porte par-dessus son épaule.

— C’est cela, dit Alan.

— Lui, si jeune ! s’écria Alan.

— Il est assez vieux pour…

Et Alan posa son index sur sa nuque, donnant ainsi à entendre que j’étais assez grand pour avoir la tête coupée.

— Ce serait une honte affreuse, s’écria-t-elle, en devenant pourpre.

— C’est pourtant ce qui ne manquera pas d’arriver, si nous ne trouvons pas à faire mieux.

Sur ces mots, la jeune fille se retourna, sortit en courant de ce côté de la maison et nous laissa seuls.

Alan était enchanté, ravi du succès de son plan, et moi très furieux de m’entendre qualifier de Jacobite et de me voir traiter comme un enfant.

— Alan, m’écriai-je je ne puis en supporter davantage.

— Eh bien, lâchez tout, David, répondit-il, mais si en renversant la marmite maintenant, vous réussissez à tirer votre vie du feu, Alan Breck, lui, est perdu.

Cela était si vrai, que je fus réduit à grommeler, et même ce grognement concourut au succès d’Alan, car il fut entendu par la jeune fille, qui revenait apportant