Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/364

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J’allai de-ci, de-là. Je traversai la rue. Je descendis jusqu’au port, comme un chien qui a perdu son maître, éprouvant au dedans de moi je ne sais quelle douleur rongeante et de temps à autre un accès de désespoir.

Enfin, il était déjà grand jour, peut-être neuf heures du matin. J’étais las de cette marche sans but. Le hasard me fit arrêter devant une très belle maison, tournée vers la campagne.

Cette maison avait de belles fenêtres claires, garnies de caisses contenant des pots de fleurs ; les murs avaient été recrépis à neuf, et un chien de chasse s’étirait en bâillant sur le seuil, en chien qui se sent chez lui.

Eh bien ! j’enviais même le sort de cette bête dépourvue de la parole, quand la porte s’ouvrit, et j’en vis sortir un homme à la physionomie fine, hâlée, bienveillante, à l’air important, en perruque bien poudrée, et portant des lunettes.

J’étais dans un tel état que personne jusqu’alors n’avait arrêté son regard sur moi ; mais lui, il me regarda une seconde fois, et ce gentleman, à ce qu’il parut, fut si frappé de ma pauvre mine, qu’il vint droit à moi, et me demanda ce que je faisais.

Je lui dis que je m’étais rendu à Queensferry pour affaires, et prenant mon courage à deux mains, je le priai de m’indiquer où demeurait Rankeillor.

— Ah ! dit-il, cette maison est celle dont je sors à l’instant, et par une chance assez singulière, je suis M. Rankeillor en personne.

— Eh bien, monsieur, dis-je, je vous demanderai de vouloir bien m’accorder un entretien.

— Je ne sais pas votre nom, dit-il, et votre figure m’est inconnue.

— Je me nomme David Balfour, lui répondis-je.