Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/369

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Je ne suis pas absolument sûr que personne l’ait cru, reprit M. Rankeillor, en souriant, et en particulier, il prit si mal certaines expressions dont je me servis, que, je dois le dire, il me mit à la porte.

Là, nous étions invinciblement arrêtés.

Quelques soupçons que nous eussions, nous n’avions pas l’ombre d’une preuve.

À ce moment même, arrive le capitaine Hoseason, avec l’histoire de votre noyade, ce qui fit tomber toute l’affaire.

Elle aboutit tout simplement à du chagrin pour M. Campbell, à des dépenses pour moi, à une tache nouvelle sur la réputation de votre oncle, qui n’en avait certes pas besoin.

Et, maintenant, monsieur Balfour, conclut-il, vous voilà au courant de tout ce qui s’est passé, et vous êtes en état de juger du degré de confiance que vous pouvez m’accorder.

En réalité, il fut plus pédant que je ne l’ai représenté, et il cita plus souvent des bouts de latin, mais tout cela était débité avec tant de vivacité dans le regard, et tant de bonhomie qu’il eût bientôt triomphé de ma défiance.

De plus, il m’était facile de voir qu’il me traitait comme s’il admettait la certitude de mon identité, de sorte que ce premier point me parut tout à fait établi.

— Monsieur, dis-je, si je vous raconte mon histoire, je dois confier à votre discrétion la vie d’un ami. Donnez-moi votre parole qu’elle vous sera sacrée, et quant à ce qui me regarde, je ne demanderai pas d’autre garantie que votre physionomie.

Il me donna sa parole d’un air très sérieux.

— Mais, dit-il, ce sont là des préliminaires assez inquiétants, et s’il y a dans votre histoire quelques dé-