Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/47

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perbes ; mais comme il était incapable d’y affronter les rigueurs d’une saison d’hiver, en octobre, son oncle, le docteur J. Balfour et le docteur Clark, de Londres, l’envoyèrent passer l’hiver à Davos en Suisse. Cette station était fort animée avec son soleil brûlant donnant sur la neige étincelante, mais le plus charmant était le proche voisinage de John Addington Symonds, pour qui Edmund Gosse lui avait donné une introduction. Les conversations avec Symonds facilitèrent l’action du climat que Stevenson a décrit en pages charmantes :


« Il n’est pas aisé dire où cela se tient, mais cette joie des hivers alpins est à elle-même sa propre récompense. Bien qu’en un certain sens, elle n’ait pas de fondement, elle mérite largement qu’on s’occupe de la perfectionner. Le rêve de la santé est parfait, tout le temps qu’il dure, et si en essayant de vous en rendre compte, vous ne tardez pas à dissiper la chère illusion, du moins chaque jour, et plusieurs fois par jour, vous avez conscience d’une force que vous possédez à peine, et d’un plaisir de vivre des plus vifs dans son éphémère réalité. La splendeur, — le ciel et la terre conspirent à cette splendeur, — la légèreté et le calme de l’atmosphère, le silence étrange, émouvant, plus émouvant qu’un tumulte, la neige, la glace, le paysage enchanté, tout concourt à l’effet produit sur la mémoire, tous vous tapent sur la tête, et cependant, quand vous avez passé en revue tout cela, vous n’avez point fait un pas vers l’explication, ni même vers la description de cette délicate nuance d’entrain que vous ressentez — délicate, dites-vous, et pourtant excessive, plus grande qu’on ne saurait le dire en prose, trop grande peut-être pour les forces d’un être maladif.

Il y a un certain vin de France, connu en Angleterre