Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/88

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— Bon, dis-je, mais les gens qui l’habitent ?

— Les gens ? s’écria-t-il, êtes-vous fou ?

Il n’y a pas de gens là, pas ce qu’on peut appeler des gens.

— Comment ? dis-je, pas même M. Ebenezer ?

— Oh, oui ! fait l’homme, il y a le laird, pour sûr, si c’est lui que vous demandez. Quelle affaire avez-vous avec lui, mon petit homme.

— On m’a donné à entendre que je trouverais de l’emploi près de lui, dis-je en prenant un air aussi modeste que possible.

— Hein ! fit le voiturier, d’un ton de voix si aigu que son cheval lui-même eut une secousse de surprise.

Eh bien, mon petit homme, ajouta-t-il, c’est une chose qui ne me regarde pas, mais vous avez l’air d’un jeune garçon bien élevé. Eh bien, si vous voulez accepter de moi un conseil, tenez-vous le plus au large que vous pourrez des Shaws.

La première personne que je rencontrai ensuite était un petit homme tiré à quatre épingles, avec une superbe perruque blanche ; je vis que c’était un barbier qui allait chez ses clients, et sachant que les barbiers sont enclins à bavarder, je lui demandai tout simplement quelle sorte d’homme était donc M. Balfour des Shaws.

— Peuh ! Peuh ! Peuh, dit le barbier, ce n’est point une sorte d’homme, ce n’est point un homme du tout.

Et sur ces mots il se mit à me faire des questions très adroites sur mes motifs, mais il avait affaire à plus forte partie que lui, et il dut entrer chez son plus prochain client, sans en savoir davantage.

Je ne saurais dire quel choc reçurent mes illusions.

Plus les accusations étaient vagues, moins elles me