Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/109

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écrit ! » répétait volontiers le vieillard. « Hé ! cette vieille bête avait tout de même quelques bonnes idées ! songea Maurice. Je vais employer son système, pour voir ! »

Il entra dans une taverne, commanda du fromage, du pain, de quoi écrire, et s’installa solennellement devant une feuille de papier blanc. Il essaya la plume ; chose à peine croyable, elle allait parfaitement. Mais qu’allait-il écrire ?

— J’y suis ! s’écria enfin Maurice. Je vais faire comme Robinson Crusoé, avec ses deux colonnes !

Aussitôt il plia son papier, conformément à ce modèle classique, et commença ainsi :


MAUVAIS
BON
1. J’ai perdu le corps de mon oncle. 1. Mais Pitman l’a trouvé.


— Halte-là ! se dit Maurice. Je me laisse entraîner trop loin par le génie de l’antithèse. Recommençons :


MAUVAIS
BON
1. J’ai perdu le corps de mon oncle. 1. Mais, de cette façon, je n’ai plus à m’inquiéter de l’enterrer.
2. J’ai perdu la tontine. 2. Mais je puis encore la sauver si Pitman fait disparaître le corps, et que je trouve un médecin tout à fait sans scrupules.
3. J’ai perdu le commerce de cuirs, et tout le reste de la succession de mon oncle. 3. Mais je ne les ai point perdus si Pitman livre le corps à la police.