Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/11

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dans ses rapports avec les masses, la Société d’Amélioration Mutuelle des Travailleurs de l’Île des Chiens, à qui il fut adressé, en fut si charmée, — ce qui donne vraiment une triste idée de l’intelligence collective de cette association, — que, l’année suivante, elle élut Joseph Finsbury pour son président d’honneur : titre qui, en vérité, était moins encore que gratuit, puisqu’il impliquait, de la part de son titulaire, une donation annuelle à la caisse de la Société ; mais l’amour-propre du nouveau président d’honneur n’en avait pas moins là de quoi se trouver hautement satisfait.

Or, pendant que Joseph se constituait ainsi une réputation parmi les ignorants d’espèce cultivée, sa vie domestique se trouva brusquement encombrée d’orphelins. La mort de son plus jeune frère, Jacques, fit de lui le tuteur de deux garçons, Maurice et Jean ; et, dans le courant de la même année, sa famille s’enfla encore par l’addition d’une petite demoiselle, la fille de John Henry Hazeltine, Esq., homme de fortune modique, et, apparemment, peu pourvu d’amis. Ce Hazeltine n’avait vu Joseph Finsbury qu’une seule fois, dans une salle de conférence de Holloway ; mais, au sortir de cette salle, il était allé chez son notaire, avait rédigé un nouveau testament, et avait légué au conférencier le soin de sa fille, ainsi que de la