Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/132

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vent consacrées à des travaux d’enseignement ! »

Dans l’instant précis où je dois le présenter à mes lecteurs, Pitman se trouvait seul dans son atelier, sous la lueur mourante d’un morne jour d’octobre. Il était assis dans un fauteuil Windsor (avec une « simplicité pleine de naturel », certes), la tête coiffée de son chapeau de feutre noir. C’était un pauvre petit homme brun, maigre, inoffensif, touchant, avec ses habits de deuil, avec sa redingote trop longue, son faux-col droit et bas, avec son aspect vaguement ecclésiastique, — qui l’aurait été plus nettement encore sans une longue barbe se terminant en pointe. Et il y avait bien des fils d’argent dans ses cheveux et sa barbe. Il n’était plus tout jeune, le pauvre homme : et le veuvage, et la pauvreté, et une humble ambition toujours contrariée, tout cela n’était point fait pour le rajeunir !

En face de lui, dans un coin près de la porte, se dressait un solide baril. Et Pitman avait beau se retourner dans son fauteuil : c’était toujours ce baril qui s’offrait à ses yeux comme à ses pensées.

« Dois-je l’ouvrir ? Dois-je le renvoyer ? Dois-je prévenir de suite M. Semitopolis ! » se demandait-il. « Non ! décida-t-il enfin. Ne faisons rien sans avoir l’avis de M. Finsbury ! » Après quoi il se leva et alla prendre, dans un tiroir, un buvard de