Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/167

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— Peut-être cela ne vous dérangerait-il pas trop si j’allumais un cigare ? demanda Michel.

Car il avait fait un vigoureux effort pour reprendre son sang-froid en entrant chez son jeune confrère ; mais, à présent, son cerveau recommençait à se voiler, en même temps qu’une terrible envie de dormir l’envahissait ; et il espérait (comme tant d’autres l’ont espéré en pareil cas !) qu’un cigare lui éclaircirait les idées.

— Oh ! certes non ! s’écria Gédéon, infiniment aimable. Tenez, goûtez un de ceux-ci : je puis vous les recommander en confiance !

Il prit une boîte de cigares sur la cheminée et la présenta à son client.

— Monsieur, recommença l’Australien, pour le cas où vous ne me trouveriez point tout à fait clair dans mes explications, peut-être vaut-il mieux vous avouer d’avance que je viens de faire un bon déjeuner. Après tout, c’est une chose qui peut arriver à chacun !

— Oh ! certainement ! répondit le prévenant avocat. Mais, je vous en prie, ne vous pressez pas ! Je puis vous donner… — et il s’arrêta pour consulter pensivement sa montre, — oui, il se trouve que je puis vous donner toute l’après-midi !

— L’affaire qui m’amène ici, monsieur, reprit l’Australien, est diablement délicate, je peux bien