Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/187

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seignement de l’arithmétique dans les écoles des sourds-muets. Là-dessus, la nouvelle sandwich étant achevée, les deux hommes sortirent de la taverne et se promenèrent lentement sur le trottoir de King’s Road.

— Michel dit l’oncle, savez-vous pourquoi je suis ici ? C’est parce que je ne peux plus supporter mes deux gredins de neveux ! Je les trouve intolérables !

— Je vous comprends fort bien ! approuva Michel. Ne comptez pas sur moi pour prendre leur défense !

— Figurez-vous qu’ils ne voulaient jamais me laisser parler ! poursuivit amèrement le vieillard. Ils refusaient de me fournir plus d’un crayon par semaine ! Le journal, tous les soirs, ils l’emportaient dans leurs chambres pour m’empêcher d’y prendre des notes ! Or, Michel, vous me connaissez ! Vous savez que je ne vis que pour mes calculs ! J’ai besoin de jouir du spectacle varié et complexe de la vie, tel qu’il se révèle à moi dans les journaux quotidiens ! Et ainsi mon existence avait fini par devenir un véritable enfer lorsque, dans le désordre de ce bienheureux tamponnement de Browndean, j’ai pu m’échapper. Les deux misérables doivent croire que je suis mort, et essayer de cacher la chose pour ne pas perdre la tontine !