Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

votre annonce (et ce doit être lui, car il a la mine égarée des débutants du crime), si c’est lui qui est l’auteur de l’annonce, vous pouvez marcher sans crainte, mon vieux, car je tiens le gaillard dans le creux de ma main !

L’échange ayant été dûment effectué, et Pitman se trouvant un peu réconforté par cette bonne nouvelle, les deux hommes s’avancèrent droit sur Maurice.

— Est-ce vous qui désirez voir monsieur William Bent Pitman ? demanda le professeur de dessin. Je suis Pitman !

Maurice leva la tête. Il aperçut devant lui un personnage d’une insignifiance presque indescriptible, en guêtres blanches, et avec un col de chemise rabattu trop bas, comme ceux qu’avaient portés les rapins trente ans auparavant. À une dizaine de pas derrière lui se tenait un autre individu, plus grand et plus râblé, mais dont le visage ne permettait guère une sérieuse étude physiognomonique, étant caché à peu près complètement par une moustache, des favoris, des lunettes, et un chapeau de feutre mou.

Le pauvre Maurice, depuis trois jours, n’avait point cessé de supputer l’apparence probable de l’homme qu’il imaginait être un des plus dangereux bandits des bas-fonds de Londres. Sa pre-