Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/312

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famille, une lueur, sinistre, s’alluma dans ses yeux.

— Ouvre cette porte ! dit-il, en s’écartant.

— C’est ce que je fais ! répondit Maurice, pendant que, intérieurement, il se disait : « Tout est fini ! Il respire le meurtre ! »

Les deux frères se trouvaient à présent dans le vestibule de la maison, dont la porte venait de se refermer derrière eux. Tout à coup, Jean saisit Maurice par les épaules et le secoua comme un chien terrier secoue un rat.

— Sale bête ! cria-t-il, je serais en droit de te casser la gueule !

Et il se remit à le secouer, et avec tant de force que les dents de Maurice claquèrent, et que sa tête se cogna au mur.

— Pas de violence, Jeannot ! dit enfin Maurice. Cela ne saurait faire de bien ni à moi ni à toi.

— Ferme ta boîte ! répondit Jean. C’est à ton tour d’écouter !

Puis il pénétra dans la salle à manger, s’affaissa dans un fauteuil, et, ôtant un de ses souliers sans semelle, prit avec ses deux mains son pied, comme pour le réchauffer.

— Je suis boiteux pour la vie ! dit-il. Qu’est-ce qu’il y a pour dîner ?

— Rien, Jeannot ! dit Maurice.