Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/40

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Puis, soudain, il éclata :

— Et s’il était mort ? gémit-il, en montrant le poing au ciel.

Çà et là, les deux frères couraient, examinant les visages des blessés, retournant les morts. Ils avaient passé en revue, de cette façon, une bonne vingtaine de personnes ; et toujours aucune trace de l’oncle Joseph. Mais, bientôt, leur enquête les rapprocha du centre de la collision, où les deux machines continuaient à vomir de la fumée avec un vacarme assourdissant. C’était une partie de la voie où le médecin et sa suite n’étaient pas encore parvenus. Le sol, surtout à la marge du bois, était plein d’aspérités : ici un fossé, là une butte surmontée d’un buisson de genêts. Bien des corps pouvaient être cachés dans cet endroit ; et les deux jeunes neveux l’explorèrent comme des chiens pointers après une chasse. Et tout à coup Maurice, qui marchait en tête, s’arrêta et étendit son index d’un geste tragique. Jean suivit la direction du doigt de son frère.

Au fond d’un trou de sable gisait quelque chose qui, naguère, avait été une créature humaine. Le visage était affreusement mutilé, au point d’être tout à fait méconnaissable ; mais les deux jeunes gens n’avaient pas besoin de reconnaître le visage. Le crâne chauve parsemé de rares cheveux blancs,