Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/46

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serons hors d’embarras. Nous l’enterrerons dans la cave, qui paraît avoir été faite expressément pour le recevoir ; et je n’aurai plus alors qu’à me mettre en quête d’un médecin que l’on puisse corrompre.

— Et pourquoi ne pas le laisser ici ? demanda Jean.

— Parce que nous avons besoin de l’avoir sous la main quand son heure viendra ! répliqua Maurice. Et puis, parce que nous ne savons rien de ce pays-ci ! Ce bois est peut-être un lieu de promenade favori des amoureux. Non, ne rêve pas à ton tour, et songe avec moi à ce qui constitue la seule difficulté réelle que nous ayons devant nous ! Comment allons-nous transporter l’oncle à Bloomsbury ?

Plusieurs plans furent soumis, débattus, et rejetés. Il n’y avait pas à penser, naturellement, à la gare de Browndean, qui devait être, à cette heure, un centre de curiosités et de commérages, tandis que l’essentiel était d’expédier le corps à Londres sans que personne eût soupçon de rien. Jean proposa, timidement, un baril à bière ; mais les objections étaient si patentes que Maurice dédaigna de les exprimer. L’achat d’une caisse d’emballage parut également impraticable : pourquoi deux gentlemen sans aucun bagage auraient-ils eu besoin d’une caisse de cette sorte ?