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condescendance du président m’ont procuré ce privilège, que d’ailleurs je paye assez cher.

— Je vous prierai, dit le colonel, de vouloir bien être plus explicite. Rappelez-vous que je ne suis encore que très imparfaitement familier avec les statuts de l’endroit.

— Un membre ordinaire tel que vous, lancé à la recherche de la mort, revient ici tous les soirs jusqu’à ce que la chance le favorise, répliqua le paralytique ; s’il est sans le sou, il peut même être logé et nourri par le président ; pas de luxe, mais le nécessaire ; on ne saurait faire davantage vu la modicité de la souscription. D’ailleurs, la seule société du président est par elle-même un très vif agrément.

— En vérité ! s’écria Geraldine, je ne l’aurais pas cru.

— Ah ! c’est que vous ne connaissez pas l’homme. L’esprit le plus drôle ! Des histoires ! Un cynisme !… Il sait la vie sur le bout du doigt ; et, entre nous, c’est le coquin le plus corrompu de toute la chrétienté.

— Est-il, lui aussi, membre permanent comme vous-même, si je puis poser cette question sans vous offenser ?

— Il est permanent dans un sens bien différent, répliqua M. Malthus. J’ai été gracieusement