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« Je me réjouis presque, continua le colonel, de le savoir mort. Mais, pour notre jeune homme aux tartes à la crème, ma pitié est grande, je l’avoue. »

— Geraldine, dit le prince en relevant la tête, ce malheureux garçon était, la nuit passée, aussi innocent que vous et moi, et, ce matin, le poids d’un crime est sa conscience. Quand je pense au président, mon cœur défaille au dedans de moi. Je ne sais comment cela se passera, mais je veux tenir ce gredin à ma merci, comme il y a un Dieu au ciel. Quelle expérience, quelle leçon que celle de ce jeu de cartes !

— Une leçon qu’il ne faudrait jamais recommencer », fit observer le colonel.

Le prince resta si longtemps sans répondre que son fidèle serviteur devint inquiet.

« Monseigneur, dit-il, vous ne pouvez penser à y retourner ? Vous n’avez déjà que trop souffert et vu trop d’horreurs, les devoirs de votre situation vous défendent de tenter le hasard.

— Hélas ! répliqua le prince, je n’ai jamais senti ma faiblesse d’une manière aussi humiliante qu’aujourd’hui, mais elle est plus forte que moi. Puis-je cesser de m’intéresser au sort du malheureux jeune homme qui a soupé avec nous, il y a quelques heures ? Puis-je laisser le