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de ses os sur le pavé ! Souhaitez-moi, en admettant que vous ayez encore quelque bonté pour un être dégradé comme je le suis, souhaitez-moi l’as de pique pour cette nuit ! »

Quelques membres entrèrent dans le courant de la soirée, mais le diable ne put compter qu’une douzaine de joueurs autour du tapis vert. Le prince sentit de nouveau qu’une certaine excitation agréable se mêlait à son inquiétude ; mais il s’étonna de voir Geraldine bien plus calme qu’il ne l’était la nuit précédente.

« Il est extraordinaire, pensa-t-il, que le parti pris de la volonté puisse opérer un si grand changement !

— Attention, Messieurs ! » dit le président ; — et il se mit à donner.

Trois fois les cartes firent le tour de la table sans résultat. Lorsque le président recommença pour la quatrième fois, l’émotion était générale et intense. Il y avait juste assez de cartes pour faire encore un tour entier. Le prince, assis auprès de celui qui se tenait à la gauche du banquier, avait à recevoir l’avant-dernière carte. Le troisième joueur retourna un as noir, c’était l’as de trèfle ; le suivant eut le carreau ; mais l’apparition de l’as de pique tardait toujours. Enfin Geraldine, assis à la gauche du