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nétra fièrement dans la salle de bal avec la crânerie d’un mauvais sujet. Pendant qu’il se pavanait ainsi, il aperçut Mme  Zéphyrine et son Anglais en conférence derrière une colonne. Son instinct félin d’espionnage le ressaisit aussitôt. À pas de loup, il se glissa par derrière, plus près du couple, plus près encore, jusqu’à ce qu’il fût à portée d’entendre.

« Voilà l’homme, disait l’Anglais, — là-bas, avec de longs cheveux blonds, parlant à cette fille en vert. »

Silas remarqua un charmant garçon de petite taille, qui évidemment était l’objet de cette désignation.

« C’est bien, dit Mme  Zéphyrine, je ferai de mon mieux ; mais, souvenez-vous-en, les plus adroites peuvent échouer en pareille occurrence.

— Bah ! répliqua son compagnon, je réponds du résultat. Ne vous ai-je pas choisie entre trente ? Allez, mais méfiez-vous du prince. Je ne puis comprendre quelle maudite chance l’a amené ici cette nuit. Comme s’il n’y avait pas à Paris une douzaine de bals plus dignes de sa présence que cette orgie d’étudiants et de sauteuses de comptoir ! Regardez-le, assis là-bas, plus semblable à un Empereur rendant la justice qu’à une Altesse en vacances ! »